Comment se financer quand on est une entreprise, ou une banque ?
- François : « Tout d’abord, pourquoi se financer ? Pour une entreprise, ça peut être pour la création d’entreprise donc ça va être de l’immobilier, des dépôts, etc.Ça peut être l’exploitation : l’achat, la transformation de matières, payer les salaires, démarrer des nouvelles activités, des nouvelles succursales.Pour une banque, ça peut être pour soutenir ses activités, pour lancer des nouvelles activités d’investissement, de refinancement, etc.Les moyens pour y parvenir, il y a d’une part, l’augmentation de capital, et l’émission de nouvelles actions, l’émission d’obligations, on peut aussi profiter du marché de financement interbancaire pour obtenir des prêts au niveau des banques, certains produits comme le repo permettent aussi de faire du financement. »
Tout moyen de financement implique un risque, comment sécuriser ces risques ?
- François : « On va se concentrer particulièrement sur le produit repo « repurchase agreement », qui est une cession de titres au comptant avec un engagement de rachat à terme.Donc le principe de réduction de risques dans ce cas c’est quand on va prêter de l’argent à quelqu’un, on va demander en garantie des titres qui sont généralement des obligations ou des actions.Ceci dit maintenant qu’on a ces titres dans nos books, on se doit de les surveiller et de mesurer leurs risques, pour ça, on peut regarder par exemple le rating.On a des agences de notation : Standard and poor’s, Fitch, Moody’s qui vont donner des notations sur les titres et en fonction de leur qualité, on va en demander plus ou moins à notre contrepartie, ça inclut le principe de haircut. Donc si je prête dix millions, je vais demander onze millions en titres disons puisque les titres ne sont pas de très bonne qualité.On peut regarder aussi le holding ratio, c’est-à-dire, quelle part de l’émission totale des titres est-ce qu’on tient sur nos books, parce que ça va nous donner un indicateur de liquidité.Si jamais mon client fait défaut et qu’il faut que je revende les titres que j’ai en garantie, si le marché est très peu liquide et que je mets six mois pour les revendre, c’est plus embêtant que si jamais je peux mettre une seule journée de trading pour revendre tout le stock de collatéral.On peut aussi stresser le collatéral, c’est-à-dire, qu’on va reproduire des conditions de marché, des conditions de crises, des conditions particulièrement défavorables. On va voir à ce moment-là, comment le risque qu’on tient en collatéral en fonction des différents aspects, et des différentes conditions de marché, qu’on va simuler. »
Quelles sont les applications aux conditions actuelles ?
- François : « Actuellement, on vit des conditions très particulières depuis quelques années notamment la crise sanitaire et la guerre en Ukraine impactent toute l’Europe et le monde financier de manière générale.Principalement, les impacts vont être une augmentation de l’inflation et une augmentation des taux directeurs. Les deux sont étroitement liés, donc les banques centrales ont un rôle de maintenir les taux de financement à un certain niveau qui permet de maîtriser l’inflation et de garantir une stabilité des prix pour les consommateurs et les ménages.Côté bancaire, ça va se traduire par une augmentation des taux de repo, des taux d’emprunt interbancaire sur les marchés, etc. Ça va coûter plus cher de se financer en tant que banque.Pour les particuliers, ça peut se traduire par des difficultés accrues d’obtenir des crédits à la consommation, des crédits immobiliers.Il peut y avoir un petit avantage dans le sens où une augmentation de l’inflation va logiquement mener à une augmentation des salaires.Donc quelqu’un qui est déjà en cours de crédit sur une maison et bien aura plus de salaire pour soutenir une mensualité qui reste fixe, ce qui est un avantage. En revanche, si j’avais envie d’ouvrir un nouveau crédit auprès d’une banque, les taux seront forcément plus difficiles à négocier, vont être plus hauts, donc le crédit coûtera plus cher. »
un article rédigé par…
François DE VRIES,
expert en Risque de Contrepartie
