Les risques extra-financiers ont toujours existé mais n’ont jamais été calculés avec précision. Ils englobent les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Depuis une dizaine d’années, certaines entreprises les intègrent sous le nom de RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) qui complète les publications de bilan et autres états financiers.
Depuis quelques années, l’indicateur international ESG (Environnement, Social, Gouvernance) a gagné en notoriété et vise à intégrer des dizaines de critères qualitatifs et quantitatifs respectant de nombreuses normes et le degré d’implication des entreprises pour prendre en compte les risques liés à la transition énergétique, les risques physiques/climatiques, le respect de l’environnement, certains aspects sociaux ainsi que leur gouvernance.
La résurgence des problèmes climatiques, la montée de l’intérêt des populations à vivre dans une économie durable / une société plus juste et la multiplication des sommets internationaux reflètent l’implication du monde de la finance à intervenir sur cette question.
Suite à l’Accord de Paris sur le climat (COP21), la France est devenue pionnière dans le développement d’une croissance plus verte à travers la loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique. Cette loi fixe les objectifs d’un nouveau modèle énergétique français et soutient la croissance verte en réduisant la facture énergétique de la France grâce au développement des énergies décarbonées.
En particulier, l’article 173 prévoit l’obligation pour les investisseurs institutionnels de publier de manière transparente leur intégration des critères ESG, leur participation à la transition énergétique et à l’atténuation du changement climatique pour leurs opérations d’investissement dans leur rapport annuel.
Les indicateurs de risque extra-financier d’un portefeuille
De nombreuses organisations internationales ont présenté des indicateurs pertinents pour mesurer l’ensemble des risques climatiques ou des critères E, S et G. Parmi elles, la Task Force on Climate-related Financial Disclosure* de la TCFD publie régulièrement des recommandations en ce sens. Elles sont suivies par différents fournisseurs de données extra-financières qui mettent à disposition des investisseurs de nombreux indicateurs (entre 100 et 400 par entreprise).
Qu’il s’agisse de l’indicateur ESG**, de l’empreinte carbone, du taux d’activité brune, du niveau d’implication dans des controverses fortes** ou des activités éthiquement controversées**, les calculs sont effectués sur la base des informations fournies dans les rapports annuels des entreprises, de diverses publications d’entreprises, d’autorités, de médias, de la justice, par des calculs directs, des estimations par des modèles statistiques ou des extrapolations par secteur d’activité.
Par conséquent, ces indicateurs reflètent le niveau de transparence des entreprises et leur volonté de divulguer les informations nécessaires au calcul de ces indicateurs. Cependant, l’utilisation de ces données brutes présente certaines contraintes. Des informations mal / peu / pas transmises génèrent des indicateurs dont le score est biaisé.
Les investisseurs ont également besoin que l’univers couvert par les fournisseurs de données soit maximisé et ils prennent en compte des dizaines de milliers d’entreprises cotées pour obtenir un résultat interprétable et fiable.
Les structures de fonds dans lesquelles ces indicateurs sont calculés sont parfois complexes ou multi-niveaux, ce qui nécessite un important travail de recherche et développement.
L’avènement de la finance responsable
Les nouvelles générations se préoccupent de l’état de la planète. Ce sujet est devenu majeur même s’il ne représente que les prémices d’un changement qui se veut beaucoup plus important.
Si les investisseurs et les gestionnaires d’actifs veulent limiter l’impact des effets climatiques qui se font de plus en plus sentir et si les normes en la matière se renforcent, alors oui, nous entrons doucement dans l’ère de la finance responsable. Cette finance changera profondément l’économie telle que nous la connaissons à moyen terme puisque le désinvestissement des entreprises qui ne font pas d’efforts les obligera à revoir leur modèle économique. Mais pour cela, les normes doivent être mieux définies, imposées et être les mêmes pour tous.
Aujourd’hui, il existe plusieurs certifications et labels pour identifier les fonds responsables et durables. On peut par exemple citer le label ISR (Investissement Socialement Responsable) et le label TEEC pour les fonds « verts » (Transition Energétique et Ecologique pour le Climat). Néanmoins, il faudra évidemment être attentif aux investissements effectifs des fonds certifiés par ces labels et rester attentif au « green washing ».
Finally, the current change in our way of consumption and our economic system must necessarily be undertaken by political actors (for its structuring) and economic actors (for its application). Studies estimate that 70% of today’s students will have a job that does not exist yet. Many opportunities will be created in the area of climate risk and extra-financial performance measurement, especially in market finance. Moreover, new positions combining knowledge of financial products (analyst, quant), statistical calculation and measurement of environmental, social and governance indicators are already emerging. Making the link between the highly technical professions of finance and more human aspects (social, governance) can only bring more sense to financial professions that can sometimes be sorely missed.
Enfin, le changement actuel de notre mode de consommation et de notre système économique doit nécessairement être entrepris par les acteurs politiques (pour sa structuration) et les acteurs économiques (pour son application). Des études estiment que 70% des étudiants d’aujourd’hui auront un emploi qui n’existe pas encore. De nombreuses opportunités seront créées dans le domaine des risques climatiques et de la mesure des performances extra-financières, notamment en finance de marché. D’ailleurs, de nouveaux postes combinant la connaissance des produits financiers (analyste, quant), le calcul statistique et la mesure d’indicateurs environnementaux, sociaux et de gouvernance émergent déjà. Faire le lien entre les métiers très techniques de la finance et les aspects plus humains (social, gouvernance) ne peut que redonner du sens aux métiers de la finance qui en manquent parfois cruellement.
Prochaines étapes de l’information extra-financière
Aujourd’hui, le marché de l’information non financière n’est pas mûr et peu normalisé. Il existe de nombreux fournisseurs de données sur les entreprises qui appliquent des algorithmes différents. La diversité des produits financiers rend difficile le calcul d’un indicateur unique pouvant être utilisé pour comprendre l’orientation/le risque d’un portefeuille ou d’une stratégie d’investissement. Comment différencier / assimiler le risque d’une obligation, d’une action, d’une dette souveraine, d’une obligation convertible ou d’un produit dérivé ?
L’Europe doit normaliser l’avenir du reporting extra-financier dans les prochains mois et le Comité de Bâle devrait se réunir sur ce sujet pour la prochaine directive à paraître dans les années à venir ; tous les acteurs financiers devront suivre leurs recommandations.
Les Nations unies ont émis leurs propres recommandations en matière d’ODD (objectifs de développement durable) qui devraient s’appliquer aux pays avec des objectifs clairs fixés pour 2030. Ces objectifs sont en cours d’adaptation pour les entreprises qui commencent à rendre compte de ces 17 objectifs de développement durable définis.
En conclusion, le changement climatique n’est pas un effet de mode mais une volonté internationale de réparer la planète que nous détruisons progressivement. Cet effort historique doit impliquer tous les acteurs économiques et la finance sera un moteur pour agir rapidement et respecter les contraintes de temps fixées lors des sommets internationaux. De nombreux nouveaux emplois devraient émerger dans ce domaine à court terme, comme celui d’analyste en recherche et développement.